Festival des templiers
Ameno torimen
Introduction
Pour ce dernier trail de l’année, je reviens à Millau sur le festival des templiers. J’avais pu découvrir le coin l’année passée en courant le format 63km sur “l’intégral des Causses”. Cette année, je suis dans la cours des grands puisque j’ai réussi à avoir une place (très prisée) sur le format historique de 80km: appelé “le Grand Trail des Templiers”, en plus c’est l’année des 30 ans (comme moi, on est tout les deux nés en 1995).
C’est sur ce format que tout les coureurs élites se rejoignent (la prime est de 7000€ pour le vainqueur, c’est sûr ça attire). Et c’est sur celui ci qu’il y a le plus de coureurs, l’année dernière on était environ 400 alors que là ça sera un peu plus de 2000 personnes sur la ligne de départ, c’est pas la même. Dès l’arrivée en voiture à 4h45, c’est bouché de partout il y a plein de voitures, pour un départ à 5h15, c’est un peu juste. Je décide de me garer à l’arrache à 2 bornes du départ, au lieu d’aller chercher les parkings mis en place par l’orga. Je saute de la voiture en vitesse, je tends les clés à Mathieu, et j’enfile mon sac de trail en rassemblant quelques affaires, au même moment Alex m’appelle puisqu’il court aussi à Aix-les-bains un trail à la même heure, puis c’est mon père que j’ai au téléphone. J’ai à peine le temps de leur dire 2/3 mots que je pars rejoindre la ligne d’arrivée en courant à travers les bouchons. Première fois que je suis à l’arrache comme ça. En même temps, c’est trop tôt le départ de ces formats de course, franchement (à part pour l’ecotrail …).
Départ
Après 10 petites minutes de footing, j’arrive sur la zone de départ où je rejoins directement le premier SAS sans passer par la case toilettes. J’avale rapidement une petite gauffre au chocolat que j’avais emporté avec moi. Et je rappelle papa à qui j’avais raccroché au nez quelques minutes auparavant. Au micro, quelques grands noms du trail sont annoncés comme Blandine L’hirondelle ou Thomas Cardin, ensuite l’organisateur demande un peu de silence et entame un discours des plus émouvant avec quelques rimes, c’est sympa et ça instaure une ambiance solenelle.
Ensuite, ça enchaine rapidement sur la musique emblématique de Era: AMENO. Ça donne quelque chose comme ça:
Dori me Interimo, adapare Dori me Ameno, Ameno Latire Latiremo Dori me Ameno…
Et hop, le compte à rebours est lancé au micro (gâchant la musique épique) et la horde de coureurs s’élance aussitôt !
L’heure de vérité est donc arrivée puisque cela fait une semaine que je suis dans le doute sur mes capacités de course. 7 jours auparavant, j’avais eu la bonne idée de vriller ma cheville lors d’un petit footing au bois de Vincennes, rentrant alors en boitant avec mon vélo crevé par la même occasion, c’était horrible.

Début de course
Je m’élance tout de même plein d’insouciance dans la nuit noire avec mon pied en vrac. Sur les premiers kilomètres, on suit une route goudronnée et l’ambiance de départ nocture me rappelle la saintélyon. Je me positionne parmis les coureurs et on entame rapidement une bonne côte. Etonnament personne ne sort les bâtons, je me dis aussi que, pour l’instant, c’est pas nécessaire. En plus je suis en vague 1 avec tous les mecs chauds, mais c’est tout de même étrange. Jusqu’à un moment où la cote devient plus pentue, et où j’entends des gens sortir leur bâtons, je me decide à faire de même, jusqu’a ce qu’un gars à coté de moi me dit que c’est interdit sur les 10 premiers kilometres (aah ok … je savais pas du tout …) Je les range aussitôt. On monte tranquillement et il y a beaucoup de monde, jusqu’à ce qu’on arrive tout en haut sur les plateaux, le compteur me donne 732e à ce moment là. La route s’élargie et on accélère dans la nuit noire, des espaces se créent entre les coureurs.
Pas pour longtemps, puisque des bouchons se créent après quelques kilomètres dans des petites “singles” longeant la corniche. Par chance je passe un premier bouchon car le gars a l’intelligence de laisser passer ses poursuivants (dont moi). En continuant dans le noir sur le sentier assez technique je rejoins sans surprise un deuxième bouchon, à ce moment on a une vue incroyable sur la vallée et des lumières de lampadaires parsemées eclairent faiblement l’autre flanc de la montagne.
Soulagement à Peyreleau
Après 2h30 de course, arrivé au 22eme kilomètre, je pointe alors à la 560e position. On redescend vers le village médiéval de Peyreleau et l’ambiance est vraiment incroyable. Il est 7h du matin et alors qu’on dévale les petites ruelles étroites un par un, on entend plein de gens qui encouragent de tous les côtés. On rejoint une route plus large au coeur de la ville où se situe le ravito et il y a énormément de spectateurs, ça rebooste le moral. De mon côté ça faisait quelques temps, que je pensais m’arrếter à ce ravito pour une grosse comission (n’ayant pas eu le temps de le faire au départ). Je rejoins les deux toilettes sèches derrière les bénévoles et je me rend compte qu’il n’y a pas de PQ (et aussi que il y a des bouts de merde sur la cuvette). Heureusement que j’avais un paquet de mouchoirs au fond de mon sac. Le temps qu’un gars m’aide à le sortir du fond de mon sac, une fille rentre dans les toilettes libre à la merde qui déborde, mais l’autre cabine se libère entre temps et qui est bien plus propre. Je saisis cette opportunité, m’y installe, lâche mon leste puis repars de plus belle vers les sentiers.

Rythme de croisière jusqu’à Saint André de Vézine
On reprend de la hauteur par les chemins forestiers et j’en profite pour ranger ma frontale devenue inutile avec la levée du jour. La fatigue musculaire commençait à se faire sentir après 3 heures de course, à ce moment je me souviens avoir doublé pas mal de gens. Sur cette portion on a pu traverser les “ruines” des templiers, ainsi qu’une vieille ferme “la rouagerie”, jusqu’à enfin arriver au ravitaillement suivant dans le petit hameau de “Saint André de Vézine”. Je discute brievement avec un gars qui avance bien et qui lui rejoint ses parents, moi je passe devant toute les longues tables d’assistance jusqu’à rejoindre le préau avec les bénévoles, je prend une compote et deux trois autres trucs qui trainent. J’en profite aussi pour enlever ma chaussure pensant avoir un caillou mais finalement non, j’accuse mes chaussettes achetées lors du marathon de Paris. Je repars et recroise le même mec avec qui je parlais auparavant.
J’essaie de bien relancer sur le plat, et on arrive rapidement au plus bel endroit de la course, selon moi. On longe une falaise avec de nombreux rochers aux formes étonnantes en surplombant une mer de nuages. Puis on passe par la roche percée mais cette année pas le temps pour une photo, je double tranquillement à mon rythme. Je me régale sur les quelques descentes, même si à un moment je me vois surpris par un gars qui me double à toute vitesse en descente, je le laisse passer… 5 minutes plus tard je retrouve ce même gars assis au milieu du sentier entouré de 3/4 personnes (intérieurement je jubile, oui c’est mal je sais), je leur demande si ça va, qu’est-ce qu’il passe ? Il me dit que c’est la cheville, il peut à peine marcher. Heureusement pour lui on venait de croiser une bénévole secouriste 200m plus haut. Je les laisse et continue mon chemin vers le fond de la vallée jusqu’au petit village de La Roque Saint Marguerite.
Ça se corse
Ce petit village médiéval me permet de remplir mes flasques d’eau rapidement, puis on en ressort en traversant un pont. À partir de là ça remonte, et j’ai plus de mal à avancer, mes jambes sont lourdes. Heureusement, plus tard, on rejoint une section de route, et la pente se fait plus douce, la vue est dégagée, j’aperçois pas mal de coureur, je me force à courir (très lentement) contrairement aux autres qui marchent. Lentement mais sûrement, je profite de la largeur du goudron pour dépasser, jusqu’à rejoindre un petit quartier, où un groupe de jeunes font un beau bordel pour nous encourager, c’est sympa… De là, on retrouve les singles forestiers et les bouchons qui vont avec. Je me retrouve bloqué derrière une coureuse, mais c’est pas plus mal, mes jambes sont entamées et la relance est compliquée. Je me force à rester derrière elle au lieu de la doubler comme un dératé. Je me traine jusqu’au prochain ravito: le domaine de la salvage. Celui là il fait du bien quand même, il est assez royal, les tables sont très grandes et variées. Je m’hydrate bien et mange quelques trucs: compote, fromage, jambon …
Sur la section suivante rien de spécial, je me retrouve un peu plus seul après avoir dépassé dans la descente. Je me souviens d’une longue section de légère côte où je m’empêche de marcher, où je vois 2 gars au loin que je n’arrive pas à rattraper pendant quelque temps. Puis je retrouve du monde en descente jusqu’au fond de la vallée, on retraverse la rivière pour arriver enfin au ravitaillement de Massebiau. En arrivant, j’ai vraiment chaud le soleil est au plus haut, et je m’arrose la tête d’eau. En fait, à cet endroit il y a un espèce de gros barbeuc où plein de gens se restaurent, mais pour les coureurs c’est seulement de l’eau. À ce moment, je sais ce qu’il m’attend c’est la fameuse montée vers “Le Cade”, la plus grosse difficulté de la course.
La montée du Cade
Je m’y engage en connaissance de causes, et je me rend vite compte que les montées c’est pas mon point fort. Je suis rapidement à bout de souffle et j’ai chaud. Je suis les gars de devant, et notamment un grand gaillard avec les jambes rasées, il me proposa de le dépasser (avec un fort accent du sud ouest, je me retiens de faire une blague) et même si je refuse sur le moment, il me semble bien avoir fini par le déposer. Mais entre temps pas mal d’autres coureurs m’avait déjà doublé, j’en mène pas large. J’arrive tant bien que mal au sommet jusqu’à la vieille ferme du Cade qui fait office de ravitaillement. C’est là que j’avais retrouvé Mathieu la veille sur son trail. Cette montée m’aura coûté chère, j’aurai effectivement perdu 20 places sur 3 malheureux kilomètres parcouru en un peu moins d'1h, on frise le ridicule…
La mauvaise surprise
Jusque là je reconnaissais les sentiers, mais cette dernière partie c’était le trou noir, de mémoire il restait plus qu’une simple descente. Alors qu’en fait une autre sacré côte bien vénère où un bon nombre de concurrents me doubla, c’est dur, j’en chie … Toutefois la vue est sympa sur la ville de Millau avec le célèbre viaduc au fond, mais à cet instant la chaleur tapait bien (pour un mois d’Octobre). En haut, j’avoue m’être arrêter quelques instants pour reprendre mon souffle.
Jusqu’à l’arrivée
Enfin on entamait la dernière descente, et les jambes se remirent à fonctionner à mesure où je redépassais mes concurents. Le petit passage dans la grotte (ça je m’en souvenait) c’est le genre de spot sympa aux templiers qui fait son effet.

L’arrivée est comme toujours une délivrance. Il y a pas mal de spectateurs sur les côtés, et j’ai l’habilleté de trébucher sur une des marches qui mènent jusqu’à la ligne finale. Je me redresse et entame un semblant de sprint pour finir par mon petit saut habituel sous l’arche en bois des templiers. Ouuuh je suis vraiment rincé … j’aperçois Mathieu juste derrière la barrière, c’est cool qu’il soit là. Je m’écroule quelques minutes sur une pierre et fini par rejoindre le ravitaillement pour me substenter et récupérer ma médaille.