Marathon de Paris
Là où tout a commencé
Et l’étincelle naquit
Je pense que c’est en 2015, l’année où j’ai emmenagé sur Paris avec mon cher ami gabin que le déclic se produisit… Alors qu’on logeait ensemble dans les beaux quartiers du 17e arrondissement pour nos études, on se décide à aller jeter un coup d’oeil à l’arrivée du marathon de Paris après avoir aperçu l’évènement à télé. Après quelques minutes de marche, on se retrouva plonger dans une folle ambiance parmi les spectateurs qui encouragent leur proches en train franchir la ligne. Les gens crient, applaudissent, sautent, font le maximum de bruit alors que des milliers de coureurs à bout de force défilaient devant nous. Moi qui pensais la discipline réservée aux athlètes les plus aguerris, je me rends rapidement compte que le physique des sportifs ressemble plus à celui de nos voisins qu’à celui d’Usain Bolt. Ici un gars avec bien vingt kilos en trop, là un petit vieux qui trottine, à côté un père de famille qui portent ses enfants.
L’idée germe discrètement dans ma tête: “Un jour, ça sera moi …”
L’entrainement, si on peut en appeler ça un
Une année de répit passe alors que je partais étudier à l’étranger. Mais l’envie était toujours là, à la rentrée de Septembre, je décide de m’inscrire à mon premier marathon de Paris. Voilà, le plus dur est fait.
Maintenant, il faut s’entraîner … Par où commencer ? Courir c’est facile, mais quelques questions peuvent se poser lorsque l’on s’engage sur un défi comme celui-ci. À quel fréquence ? Quelle distance ? À quelle vitesse ? Internet est là pour essayer de répondre à ces questions, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’on en trouve des informations, en veux tu en voilà. Après un rapide coup d’oeil je me rends vite compte que c’est pas trop mon truc. À quoi bon suivre un plan d’entrainement qu’on ne pourra pas tenir.
Je me décide vaguement à courir 2/3 fois par semaine … mais un petit problème se pose rapidement. Le marathon est en avril et il y en a pour plus ou moins 4 mois de préparation, et donc tout l’hiver. J’étais habitué jusqu’ici au petit jogging matinal sous le soleil d’été, dans le bois de Boulogne. Pas assez motivé pour y aller dans la nuit hivernale pour des raisons évidentes (ce qui se passe la nuit dans ce bois doit y rester, et mes yeux n’en seront pas témoins). Je décide de m’inscrire pour la première fois dans une salle de sport et ça sera donc le tapis mon meilleur ami, pensant profiter de l’occasion pour renforcer le reste de mes autres muscles (ce que je ne ferai pas puisque le reste du temps je le passerai au sauna avec gabin, sans arrière pensée, notre relation est simplement amicale).
Une petite routine s’est mise en place, je cours environ trois quart d’heure sur tapis le lundi soir et le jeudi après midi puis une heure le dimanche matin où je dois arriver avant onze heures pour rejoindre gabin devant téléfoot. Le temps passe vite en parallèle de mes études et, arrivé à une semaine de la date fatidique, je cours 20km au bois. Au retour les jambes sont lourdes, ça sera dur, c’est sûr, l’inconnu s’offre à moi.

L’avant course
Pour l’occasion, mes parents viennent passer le week-end sur Paris. On se rend au salon pour retirer mon dossard Je présente mon certificat médical au stand pour récuperer mon dossard, mais la bénévole me retorque qu’il manque le tampon du médecin. Évidemment, mon certificat était faux, j’avais eu la bonne idée de la faire faire par la grand-mère de Gabin, ancienne anesthesiste, à la retraite depuis quelques années. Naivement, je la regarde dans le blanc des yeux: “Ah mince, qu’est-ce qu’on fait alors ?”. Quelques secondes passent mais elle finit par me tendre mon précieux sésame. On passera le reste de la journée à piétiner dans les rues de Paris pour visiter un peu.
La course
Le jour de la course est là, je pars fleur au fusil, prêt (ou pas) à affronter mon destin. Je me suis inscrit dans le sas des 4h30, c’est le dernier, le sas de monsieur et madame tout le monde. La zone de départ est assez impressionante sur les Champs Élysées avec l’Arc de Triomphe dans notre dos. Habituellement remplie de voitures et de touristes déambulant, il y a aujourd’hui plus de 40 000 coureurs. Le stress ne se fait pas ressentir, il y a de la musique, l’ambiance est bonne enfant.

C’est parti, c’est à mon tour d’y aller. Il suffit juste de courir c’est facile. Le problème c’est ce qui viendra après. Je me dis logiquement que je dois courir lentement pour tenir longtemps. Il me semble avoir suivi quelques instants un drapeau de meneur d’allure indiquant 5h30, que j’ai vite délaissé. Je cours tranquillement, et je m’émerveille à (re)découvrir les grands monuments de Paris en courant au milieu des rues.
Le temps passe plutôt vite, les spectateurs nous acclament, c’est plutôt agréable. Je me régale aux différents ravitos. Nous arrivons rapidement dans une longue section déserte qu’est le bois de Vincennes, pour finalement retrouver la ville, et longer les quais de Seine jusqu’à la tour Eiffel. Je me fais surprendre à quelques reprises à me faire encourager par des gens que je ne connais pas le moins du monde: “Allez Gael !”. Au départ surpris, je me rends finalement compte que mon nom est écrit sur mon dossard, ce n’est pas pour me déplaire plaisant, je tape dans la main et je repars de plus belle.
Je croise mes parents avant le trocadéro, ça fait du bien. Je décide de changer furtivement de tshirt alors que mes tétons commençaient à piquer et c’est reparti comme si de rien n’était.

Arrivé devant la dame de Fer, un mur est symbolisé sur un panneau. Le fameux mur du 30eme dont tout le monde parle, j’avance plus très vite mais ça va plutôt pas trop mal. On rentre alors dans le 16e arrondissement, les spectateurs se font plus rares, le calme apparait, et certaines personnes commencent à marcher. Ce que je m’interdis à faire. On entame une longue côte avant de rentrer dans les bois de Boulogne où j’aperçois mes parents. Dans le bois, il n’y a plus personnes sur le bord de la route, physiquement les choses deviennent plus compliqué, et petit à petit, les jambes ne répondent plus, tout le monde autour de moi marche, je cours lentement mais je double, j’en peux plus. Je craque, je me donne 10 secondes de marche, je compte dans ma tête: “1…2…3…”. Et là j’entends un spectateur m’encourager “Allez Gael !!! Allez !!!”, “3…4…5…” je reprend ma course. Le gars est impressionné: “C’est bien alleeeeezzz !!!! Allez Gael !!!”. Je l’avais jamais croisé de ma vie, mais qu’est-ce qu’il m’a motivé, il m’a transféré son énergie pour sortir du bois.
Je finis les derniers kilomètres un trottinant à bout de force, on ressort du bois de boulogne, les spectateurs sont de retour, ils nous acclament, ça nous rebooste, la ligne d’arrivée est là … C’est la délivrance, enfin !
J’ai fini mon premier marathon et ses 42km195 avec un chrono anecdotique 4h43.